Citadelle... l'autre Il serait une fois... *
Voilà maintenant près de trois lunes qu'il erre dans la ville. Tout le surprend encore. La neige tombe ici aussi mais elle s'éteint en une mélasse sale sur de drôles de chemins durs et lisses. Pas de loups, pas d'arbres ou si peu et si chétifs.
Il se souvient avec nostalgie de son pays, de la montagne, le rivière la forêt. Et sa maison, la citadelle imprenable. Pendant ses plus jeunes années il avait appris à parcourir ces contrées sauvages, à éviter ceux du peuple noir et à partager la forêt avec les loups. Il sortait et entrait dans la citadelle sans que personne ne s'en aperçoive. Il pouvait se le permettre car il était de haute lignée, la plus haute en son pays et personne n'aurait songé à lui demander des comptes sur ses allées et venues. Seuls ses parents auraient pu le faire mais ils étaient trop occupés à guerroyer et à assurer l'intendance de la citadelle.
Et puis par amour, il avait brisé le grand tabou. Son père n'avait alors pas pu s'opposer à la demande du Haut Conseil et, ses frères et ses oncles en tête, la communauté de la citadelle l'avait banni. On lui avait fait passer la porte d'Outre-Temps un matin de décembre avec pour tout bagage les vêtements qu'il portait sur lui et un maigre sac renfermant un couteau, une gourde, quelques bijoux cachés et du pain, du fromage et du lard pour une semaine.
Juste avant son départ, sa mère lui avait glissé un message écrit à la hâte sur un morceau de peau qu'il avait vite caché au revers de sa ceinture. La dernière image qu'il gardait de ce moment était celle de sa mère et de son père le regardant disparaître dans l'oeil de l'espace-temps. Elle pleurait et son père à son côté restait impassible, le regard fermé. Il s'était senti aspiré, emporté, tout s'était mis à tourner autour de lui et il avait perdu connaissance.