La ballade de l'impossible
La ballade de l'impossible nous plonge dans l'histoire suspendue au dessus du temps et des affaires du monde, de Watanabe, un étudiant japonais de 19 ans dans le Tokyo des années 70.
Avec une écriture subtile, sensuelle et poétique, Haruki MURAKAMI, servi par une belle traduction de Rose-Marie MAKINO FAYOLLE, nous entraîne dans les mondes intérieurs de son narrateur. Ce dernier ira à la rencontre de personnages étranges, terriblement humains et croisera en route, la folie, la souffrance et la mort dans sa recherche de l'amour absolu.
Cette histoire pourrait se passer aujourd'hui à l'identique, elle retrace le parcours d'un jeune homme pour accéder au monde adulte, subissant les courants contraires et diverses qui l'entraînent.
La langue est belle, simple, elle nous emporte avec légereté et ralenti le temps, rendant toute perception étrange et cotonneuse, comme distanciée.
Ce roman, malgré ses presque 500 pages, se déguste d'un trait, sans hate et sans retenue, ne lachant le lecteur qu'à la toute dernière page, le tout dernier mot : « De cet endroit au coeur de nulle part, j'appelais Midori. ».
Il se termine sur l'appel d'une amie, le retour à l'image de la femme, omniprésente tout au long de ce voyage initiatique.
Je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer un extrait :
«A dire vrai, j'étais peu préoccupé des paysages à cette époque-là. Je ne pensais qu'à moi et à la jeune fille séduisante qui marchait alors à mes côtés. Je pensais à nous, et je réfléchissais aussi à mon avenir. J'étais à l'âge où tout ce que je pouvais voir, ressentir ou penser finissais par revenir jusqu'à moi, dans un mouvement de boomerang. De plus j'étais amoureux, et cet amour était en train de m'entraîner vers des contrées dangereuses. Je n'avais donc pas le temps de m'intéresser au paysage. »
Bonne lecture !
éditions du Seuil, "points"